Fin juin c'est le temps des moissons, une moissonneuse moissonne (si, si...) et dans le nuage de poussière qu'elle dégage, je vois une flopée d'oiseaux, principalement des hérons garde-bœufs, quelques hérons cendrés et quelques aigrettes, suivre le véhicule avec beaucoup d'intérêt. Coup de chance j'avais mon 300mm dans la voiture.
Intriguée, je me gare et je m'assieds au pied de la remorque destinée à stocker le grain. J'ai vite compris leur source d'intérêt. Le passage de la moissonneuse affolait souris, musaraignes et mulots qui détalaient à toutes pattes pour débouler dans celles des hérons, à la grande joie de ces derniers.
Chaque mouvement de moustache de souris déclenchait des bagarres emplumées et des cris de mécontentement, qui parfois provoquaient la fuite du petit mammifère. La concurrence était rude. A un moment, entre sursauts, bagarres et prises de bec, je compris que l'un d'entre eux avait réussi à s'échapper, les oiseaux s'engueulaient vertement et se distribuaient des coups de bec appuyés. Un autre garde-bœuf sentant sans doute qu'il avait peu de chances et n'ayant pas envie de se prendre un coup de bec pour rien, était resté à l'écart, et regardait d'un peu plus loin les échauffourées. Le mulot après s'être faufilé dans le rempart de pattes, voyant que le coin était calme, se dirigea droit vers lui et il n'eut qu'à ouvrir le bec pour le cueillir. Le groupe de garde bœufs se retourna, il s'envola juste à temps, au nez et à la barbe emplumée de ses congénères pour échapper à la ruée. Le mulot se retrouva dans les airs sûrement pour la première et la dernière fois de sa vie, mais personne ne sut si le vol lui avait plu.
Écrire commentaire